Chaque séquence pédagogique est basée sur une conversation « authentique » du corpus PFC et composée des éléments suivants (variable selon les conversations) :
1 – Résumé
2 – Transcription orthographique originale
3 – Fichier son original
4 – Transcription orthographique pédagogique
5 – Fichier son pédagogique
6 – Transcription orthographique de type « écrit »
7 – Fichier son de type « écrit »
8 – Questionnaire de compréhension
9 – Corrigé du questionnaire
10 – Compilation des trois transcriptions
Ces différents éléments peuvent être exploités et combinés de manière différentes selon les visées et les choix de l’enseignant : du pédagogique à l’authentique et vice versa, de l’oral à l’écrit et vice-versa.
Ces séquences ont été réalisées par Laurie Buscail et Sylvain Navarro (Université de Toulouse – Le Mirail), avec le soutien de Nathalie Rossi-Gensane (Université de Toulouse – Le Mirail), grâce au soutien financier et institutionnel assuré par la DGLFLF (Ministère de la Culture) au projet PFC-EF.
- Séquence 1 (13baa1g) : souvenir du père, qui était coiffeur avant de se tourner vers l’agriculture.
- Séquence 2 (13baa1l) : déportations pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’histoire du grand-père, réfugié en Pologne.
- Séquence 3 (13brp2g) : profession de cuisinier.
- Séquence 4 (13brp2l) : un fait divers.
- Séquence 5 (13bsa1g) : relations avec frère et cousin, voyages d’enfance et parcours universitaire.
- Séquence 6 (13bsa1l) : sport, pendant l’enfance.
- Séquence 7 (64ajm1g) : pratique du Basque au sein de la famille.
- Séquence 8 (64ajm1l) : les changements que la guerre a provoqués dans la vie quotidienne.
- Séquence 9 (64asl1g) : profession d’enseignante spécialisée.
- Séquence 10 (64asl1l) : projets envisagés si on gagnait une grosse somme d’argent.
- Séquence 11 (75cab1g) : l’héritage familial, prénoms et professions.
- Séquence 12 (75cab1l) : changements des codes du savoir-vivre, l’importance de communiquer avec ses enfants.
La réalisation de ces séquences a reposé sur les principes suivants:
I. Passage de l’oral authentique à l’oral pédagogique
- Suppression des hésitations
- Suppression des répétitions = bribes (ex : je lui ai dit de, de, de venir)
- Suppression des amorces
- Suppression des chevauchements, transformés en tours de parole
- Augmentation des sujets lexicaux
II. Passage de l’oral pédagogique à l’écrit (grille établie d’après les réécritures produites par trois locuteurs-test) :
i. Lexique
1. Attention aux répétitions lexicales
2. éventuellement, remplacement de pronoms par des noms (pour désambiguïser)
3. Attention aux néologismes
4. Attention au lexique régional (peuchère)
5. Registres de langue (bannir les machins, trucs, bidules)
6. Préférer oui à ouais
7. Choix de lexèmes plus « courants » (charrié est devenu amené et traîné).
8. Choix d’un registre de langue plus soutenu, dans l’ensemble, mais conservation des termes propres au thème de la conversation (par exemple, la guerre, les déportations). Ainsi, embarqué a été interprété comme se rapportant aux rafles de la Seconde Guerre, et non comme le fait de « monter à bord ».
ii. Syntaxe
1. Eviter les coordonnants en début de phrase / lesdits coordonnants sont très utilisés comme connecteurs de phrase
2. De manière générale, éliminer les préambules (« coordonnants » en début de phrase et autres segments qui n’exercent pas de fonction syntaxique à proprement parler = qui échappent à la rection)
3. Penser à utiliser des verbes non finis (participes, infinitifs) ; les verbes finis doivent être moins représentés qu’à l’oral => certains verbes finis doivent être « transformés » en verbes non finis = hiérarchisation des événements et pas nécessairement d’iconicité (succession linguistique et succession chronologique ou logique ne coïncident pas nécessairement)
4. Penser à utiliser des nominalisations (à l’oral, surtout des nominalisations après il y a) ; de manière générale, favoriser une « syntaxe nominale » = l’écrit est organisé autour du nom (à l’oral, syntaxe verbale)
5. Temps à éviter : futur périphrastique ; problème du passé simple vs passé composé
6. Modes à introduire ou à « augmenter » : subjonctif, participe, infinitif
7. Voix passive éventuellement à introduire (mais beaucoup de passifs à l’oral dans les récits dits d’émotion)
8. Propositions subordonnées : uniquement des relatives standard
9. Ne pas reprendre le sujet par un pronom (ex : Mon frère, il est venu) = utiliser de nombreux sujets « lexicaux »
10. Diminuer le nombre de phrases à présentatif
11. Ne pas amputer les négations (oubli fréquent voire systématique du ne)
12. Inversion sujet/verbe (soutenu) ou est-ce que pour poser une question, plutôt que de laisser la phrase in situ.
13. Formuler des phrases complètes = pas d’implicite, qui ne peut être levé par la situation de communication
iii. Style
1. Eviter les il y a / il y avait présentatifs, à part peut-être dans les phrases thétiques
2. Donc placé après le verbe, la copule ou l’auxiliaire, donne un style plus élégant (préférer il s’est donc assis à donc il s’est assis). Problème général des « petits mots », qui n’ont pas la même valeur à l’oral et à l’écrit, cf. donc : valeur de conséquence à l’écrit mais ponctuant à l’oral)
3. Suppression des « petits mots » de manière générale
4. Préférer nous au on inclusif
5. Prépositions souvent mal choisies (partir sur Paris), déictiques souvent mal choisis (là au lieu de maintenant)
iv. Macro-syntaxe
- 1 locuteur-test sur 3 a gardé la parataxe :
je t’explique, il a été pris, on l’a poussé dans ce bureau pour les amener à la gare Saint-Charles. (66LB)
Les deux autres ont choisi d’insérer des subordonnées :
Que je t’explique comment il a été amené brutalement dans ce bureau où d’autres y étaient déjà pour aller à la gare Saint-Charles. (66MB)
Mon grand-père a été embarqué et traîné dans ce bureau, où il a attendu d’être amener à la gare Saint-Charles. (49OT)
= expliciter les liens de subordination
- En règle générale, la ponctuation marquant le contour intonatif de l’oral (virgules placées « à la volée) est éliminée. Les phrases sont remaniées, surtout pour les locuteurs 66MB (62 ans) et 49OT (42 ans). 66LB (21 ans), a parfois conservé un rythme qui retranscrit l’oralité :
Que je t’explique, il a été pris, on l’a poussé dans ce bureau pour les amener à la gare Saint-Charles et heureusement, des policiers français étaient là.
Je l’ai vu passer, et il a eu le temps de me dire qu’il partait en Pologne.
Sur ce point, voir « verbes finis » en syntaxe.
Cette grille a été élaborée dans le cadre du projet PFC-EF par Laurie Buscail et Nathalie Rossi-Gensane.
Références:
Rossi-Gensane N. (sous presse – 2010). Oralité, syntaxe et discours. In S. Detey, J. Durand, B. Laks & C. Lyche (éds). Les variétés du français parlé dans l’espace francophone: ressources pour l’enseignement. Paris: Ophrys.
Rossi-Gensane N. (2007). Quelles unités syntaxiques pour l’oral? In S. Detey & D. Nouveau (éds) Bulletin PFC 7 : «PFC : enjeux descriptifs, théoriques et didactiques». Toulouse : CLLE-ERSS, Université de Toulouse II, 359-372.