L’orthographe française est compliquée par l’existence de lettres muettes, parmi lesquelles on trouve entre autres la lettre h en début de mot, les consonnes finales non prononcées (voir à ce sujet la vitrine consacrée à la liaison) et l’ e muet. Ce que l’on désigne traditionnellement par « e muet » correspond généralement à un e sans accent, se trouvant généralement en syllabe ouverte.
Certains e graphiques ne sont jamais prononcés dans la langue parlée (chute systématique : e muet)
- e graphique en position interne entre voyelle et consonne : nous jouerons, il paiera
- e graphique en position interne en hiatus : . On le trouve à l’infinitif du verbe seoir et de ses composés (s’asseoir, surseoir) ainsi que dans les conjugaisons aux futur et conditionnel présent de surseoir. Il apparaît en second élément du digraphe ge prononcé [ʒ] devant a, o, u (il mangea, nous rageons, une gageure). Il est présent dans le digraphe ce prononcé [s] dans des cas où celui-ci a échappé à l’introduction de la cédille, comme dans douceâtre.
- e graphique en position finale de mot après une voyelle : le musée, la revue, l’envie, une amie très gaie (dans certaines variétés géographiques, comme le français de Suisse, ce e graphique peut entraîner un allongement de la durée vocalique)
- e graphique en position finale de mot après une consonne, devant un mot commençant par une consonne ou avant une pause : une demande exigeante, une exigence fâcheuse (dans les variétés méridionales de l’hexagone, ce e graphique final est conservé devant un mot qui commence par une consonne ou avant une pause (e souligné dans l’exemple) et il chute quand le mot suivant commence par une voyelle (e barré) : un
eexigence fâcheuse, une demandeexigeante)
Certains e graphiques sont réalisés ou tombent selon les variétés stylistiques (alternances [
ə] vs. zéro : schwa ou e dit caduc) - ch(e)mise, p(e)tit, sam(e)di, dev(e)nir, etc..
- il le r(e)prend, j(e) te raccompagne, je t(e) raccompagne, etc.
Il existe des mots ou l’ e graphique est nécessairement réalisé
- mercredi, premier, règlement, une haie, etc..
Tous les e graphiques sans accent ne correspondent pas à un e muet ou e caduc ou e obligatoirement réalisé
- Attention donc à certains e sans accent qui se prononcent [ɛ] comme dans cher, sel, dilemme, ou [ɛ]/[e] dans ferroviaire, descente par exemple. On trouve aussi la prononciation [a] dans femme.
- Plusieurs digraphes et trigraphes (suites de deux ou trois lettres correspondant à un son) commencent par un e graphique :
- eu de peu, émeute prononcé [ø] ou de peur, jeune correspondant à la voyelle ouverte [œ]
- ei prononcé [ɛ] (par ex. dans haleine, baleine, seigneur, etc.)
- eau prononcé [o] (par ex. dans gâteau, réseau, etc.)
- en (par ex. dans pente, accent, attendre, etc.) ou em (par ex. dans empire, trempé, ressembler, membre, etc.) tous deux prononcés [ã]
- ein prononcé [ ̃ɛ] (par ex. dans rein, atteinte, etc.)
Pour conclure cet aperçu, il convient de noter que certains [ə] réalisés par les locuteurs ne sont pas forcément présents dans l’orthographe des mots !
- Dans la lecture du texte, il est souvent question de Marc [ə] Blanc..
- A titre d’illustration sonore, consulter les extraits, sélectionner des locuteurs du Nord de la France et écouter la phrase lue : “Le maire de Beaulieu – Marc Blanc -est en revanche très inquiet”
- Autres exemples à illustrer : au revoir[ə]
Bibliographie
Gak Vladimir & Irène Vildé-Lot. 1976. L’orthographe du français : essai de description théorique et pratique. Publié par Peeters Publishers.
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